La recherche médicale
Si aujourd’hui nous possédons des traitements efficaces contre un large éventail de maladies, c’est grâce à des décennies, voire des siècles de recherche. Car pour développer un nouveau médicament, il faut d’abord comprendre d’où vient la maladie. Quel est le mécanisme qui est déréglé ? Pourquoi est-il déréglé ? …
En premier lieu, il faut donc comprendre le fonctionnement du corps humain lorsqu’il est en bonne santé, pour, par la suite, pouvoir identifier les causes d’une maladie.
La recherche fondamentale
Analyser la biologie, la physiologie ou encore la biochimie de notre corps est l’objet de la recherche fondamentale. Elle vise à comprendre les mécanismes qui permettent à notre corps de se déplacer, de se nourrir, de se défendre contre des maladies, de se reproduire, … Son but n’est pas une application précise, mais de développer la connaissance de manière générale. La recherche fondamentale s’effectue en laboratoire, sur des organismes modèles comme la levure, les nématodes (une espèce de vers), les mouches drosophiles, les souris ou des cellules en culture.
La recherche translationnelle
Une fois que la recherche fondamentale a identifié un processus qui pourrait être impliqué dans une maladie, des chercheurs peuvent faire des études plus approfondies pour identifier une molécule ou un moyen d’arrêter ou d’inverser la tendance maladive. La recherche translationnelle vise donc à valoriser les découvertes de la recherche fondamentale pour leur trouver une application clinique.
La recherche clinique
Une fois qu’un nouveau traitement a pu être développé grâce au travail de la recherche fondamentale et translationnelle, son efficacité doit être prouvée chez le malade : c’est le domaine de la recherche clinique. Les essais cliniques se divisent en plusieurs phases :
- Phase I : Généralement réalisé avec des volontaires sains, ces essais déterminent la sécurité et le dosage du futur traitement.
- Phase II : Effectués avec un faible nombre de malades, ces essais visent à établir une lecture initiale de l’efficacité et explorer davantage l’innocuité du traitement chez le patient, ainsi que d’évaluer la meilleur dose.
- Phase III : C’est la dernière phase avant la mise sur le marché. Ces essais sont réalisés avec un nombre important de malades. Les patients sont divisés en plusieurs groupes ou « bras », les patients dans chaque bras vont recevoir soit le nouveau médicament soit un traitement de comparaison, qui peut être un placebo. La distribution dans les différents bras se fait par tirage au sort (randomisation). Les participants ne savent généralement pas dans quel bras ils ont été classés. On parle alors d’essais contrôlés randomisés en aveugle. Si ni les participants, ni les médecins ne connaissent la nature du traitement attribué, on parle alors d’essais contrôlés randomisés « double aveugle ». Lorsqu’un nombre suffisant de patients a été inclus dans l’étude et que la durée du traitement est terminée, les données sont analysées par des statisticiens. Si les résultats sont concluants, le traitement peut faire l’objet d’une demande d’autorisation de commercialisation.
- Phase IV : contrairement aux essais des phases I, II et III, la phase IV se déroule après la mise sur le marché du traitement. Les essais de phase IV servent à surveiller l’application du traitement en vie réelle, à réévaluer les doses prescrites et à identifier d’éventuels effets secondaires très rares.
Dans tous les cas, les participants des essais cliniques doivent donner leur consentement à la participation, après avoir été informés des risques potentiels associés au nouveau médicament. Aucun patient ne peut être contraint à participer à une étude. Cependant, en fonction de la maladie, la participation peut avoir des avantages pour un patient, tel que l’accès à un traitement innovant, des mois, voire des années avant sa mise sur le marché. Souvent, les participants ont la possibilité de continuer le nouveau traitement après la fin de l’étude, alors que l’autorisation de la mise sur le marché est encore en cours. Enfin, le suivi des patients dans ces essais cliniques est extrêmement rigoureux et précis, allant souvent au-delà des précautions d’usage pour la maladie concernée.
Les études de cohortes
Les essais contrôlés randomisés sont la meilleure méthode pour tester des nouveaux traitements, mais ils ne peuvent répondre à la question de l’origine des maladies. Le principe d’une étude de cohorte est d’identifier des facteurs de risque d’une maladie en suivant un grand nombre de personnes, la cohorte, pendant un certain temps tout en prélevant régulièrement des données susceptibles d’être pertinentes pour comprendre l’apparition de la maladie. Ainsi les chercheurs peuvent détecter s’il y a une corrélation entre la présence d’un facteur et l’amélioration ou la détérioration de l’état de santé. L’objectif est également de suivre l’évolution naturelle d’une maladie, et d’en comprendre les mécanismes.
La recherche effectuée au RESO Bordeaux
Au sein du centre de référence, nous participons ou avons mis en place des essais de phases II, III et IV. Récemment nous avons mis en place l’essai clinique PSSIT qui vise à évaluer l’efficacité d’un traitement préventif sur le risque d’évolution vers une Sclérodermie Systémique chez des sujets présentant une association dysimmunité et phénomène de Raynaud.
Au cours des 5 dernières années nous avons effectué 33 études cliniques qui ont permis l’identification de nouveaux traitements et une meilleure prise en charge des patients. Nous avons également mis en place ou participons au suivi de cohortes de malades. Actuellement nous avons plusieurs essais cliniques et études de cohortes en cours qui acceptent encore des patients.
De plus nous travaillons en étroite collaboration avec l’Université de Bordeaux et nos médecins participent à des études en recherche fondamentale et translationnelle. Depuis 2016 leur travaux ont fait l’objet de près de 100 articles dans des journaux scientifique tel que Science Translational Medicine, Immunity, Nature communications, PLoS Medicine ou Frontiers in Immunology.