Environ 40% des patients atteints de lupus érythémateux systémique souffriront de néphrite lupique, la plupart d’entre eux au cours de la première phase de la maladie. De plus, les patients atteints de néphrite lupique accumulent des dommages à un taux plus élevé que les patients atteints de lupus sans atteinte rénale, souvent à cause de la thérapie aux glucocorticoïdes.
Les directives actuelles recommandent comme traitement d’induction immunosuppresseur initial soit le cyclophosphamide (CYC) soit le mycophénolate (MMF) pour les classes III, IV et V de la néphrite lupique. Concernant la thérapie aux glucocorticoïdes, des impulsions de méthylprednisolone (MP) sont recommandées au début de la phase d’induction.
En 2017, des chercheurs de RESO Bordeaux et de l’Hospital Universitario Cruces en Espagne ont publié une étude observationnelle comparant l’évolution clinique de 73 patients atteints de néphrite lupique. Un résultat pertinent de cette étude a été l’identification de la MP répétée en tant que facteur prédictif indépendant de rémission rénale complète.
Depuis, 21 nouveaux patients ont été intégrés dans la base de données, permettant de comparer trois groupes de traitement de taille similaire selon le principal régime immunosuppresseur pendant la phase d’induction : MMF, CYC et CYC plus 125 mg de MP répétés à chaque dose (CYC-MP). L’objectif des chercheurs était de tester si la combinaison CYC-MP améliore les taux de rémission chez les patients atteints de néphrite lupique de classe III, IV et V.
Les résultats de leurs enquêtes ont désormais été publiés dans la revue Autoimmunity Reviews. Ils montrent que :
- au bout de 6 mois les patients du groupe CYC-MP ont reçu des doses plus faibles de prednisone (en moyenne 8,5 mg/j, vs 15 mg/j dans le groupe MMF vs 24 mg/j dans le groupe CYC)
- sur 12 mois les taux de réponse cumulés étaient de 0,90 (CYC-MP), 0,58 (CYC) et 0,63 (MMF)
- à 12 mois 86% des patients recevant le schéma CYC-MP ont obtenu une réponse complète (CYC 56%; MMF 47%)
- une toxicité liée aux glucocorticoïdes a été observée chez 2,6 % du groupe CYC-MP, 24 % du groupe CYC et 20 % du groupe MMF
En conclusion l’ajout de MP aux doses de CYC dans les classes III, IV et V de néphrite lupique réduit le besoin de glucocorticoïdes par voie orale, permet d’obtenir des taux de réponse plus élevés et entraîne une toxicité plus faible que les régimes actuellement recommandés basés sur CYC ou MMF.
Lire l’article original: Eurolupus cyclophosphamide plus repeated pulses of methyl-prednisolone for the induction therapy of class III, IV and V lupus nephritis